Même le président américain, Barack Obama, l’a fait. Il a fumé des joints dans ses jeunes années. Surtout, il a fermé les yeux sur la décision de deux Etats, le Colorado et Washington, de légaliser l’usage récréatif de cannabis, malgré une interdiction fédérale de cette substance. En Suisse, six ans après le refus par la population lors d’une votation sur la dépénalisation du cannabis, les villes ramènent le débat sur la régulation du cannabis. Après Genève, Bâle, Zurich et Winterthour, Bienne a décidé début août de rejoindre la réflexion. Berne a annoncé la création d’un projet pilote dans ce sens. De timides volontés ont fait surface à Soleure et à Lausanne aussi.
Légaliser le cannabis: le débat n’est pas nouveau, mais le climat a changé depuis que d’autres pays mènent des expériences tangibles. Le vent ravive des braises jusqu’en Suisse. L’interdiction du cannabis cause davantage de tort qu’elle n’en résout, avancent les cercles favorables à une réforme. Elle coûte cher et n’est pas efficace. La loi sur les stupéfiants (LStup) interdit la consommation et le commerce de la marijuana. Pourtant, la substance est utilisée par 220 000 à 400 000 personnes en Suisse, selon les milieux de la prévention. Depuis le 1er octobre 2013, un adulte interpellé en possession de cannabis jusqu’à dix grammes ne fait plus l’objet de poursuites, mais doit payer 100 francs d’amende. Une solution qui ne convainc pas. «Cette mesure simplifie la tâche de la police, pour qui la répression de consommateurs de cannabis n’est pas une priorité. Mais je doute de son efficacité», souligne le chef de la police judiciaire genevoise, François Schmutz. «Cette sanction frappe les consommateurs de manière aléatoire et ne véhicule aucun message éducatif. De plus, maintenir une interdiction qui ne peut être appliquée ne fait qu’affaiblir la loi», critique Rolin Wavre, PLR, membre du groupe genevois à l’origine d’un projet de régulation du marché du cannabis.
Les villes ne sont pas parvenues jusqu’ici à lever les obstacles à un tel projet. A Genève, cinq élus de gauche et de droite – PLR, PDC, MCG, PS, Vert – pensent pouvoir sortir de l’impasse avec un concept d’association de consommateurs de cannabis (ACC) – sur le modèle des cannabis social clubs espagnols –, dont la dernière version a été présentée aux autorités cantonales le 6 juin. Réuni depuis l’été 2012, le groupe interpartis propose de lancer une expérience pilote durant trois ans pendant lesquels la culture, la distribution et la consommation de cannabis seraient autorisées dans le cadre d’associations à but non lucratif, réservées à des personnes majeures résidant à Genève. Objectif: limiter le marché noir et restreindre ainsi le deal de rue, encadrer les consommateurs à risques et contrôler la teneur en THC du produit.
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